Fournir des documents pourris à son graphiste en espérant qu’il fasse des miracles
Tout graphiste indépendant a un jour entendu cette phrase qui lui a fait saigner les oreilles : « Oh dis donc, tu pourrais pas me faire un logo vite fait, là comme ça gratos ? Mais sans te prendre la tête, hein ! Et puis, en échange, tu vas voir, je vais te faire une pub d’enfer ! ». Vous vous posez encore la question de savoir pourquoi votre graphiste vous a raccroché au nez ou vous a mis une droite direct ? Voici quelques pistes pour vous expliquer simplement qu’il y en a marre du travail gratuit.
Eh oui ! Certes, le graphiste est un artiste qui vit de sa passion et de son art. Mais pour autant, il ne vit pas de rien, un vieux chapeau sur la tête et sa boite à couleur sous le bras. Le Moyen-Âge étant terminé depuis belle lurette, le graphiste ne crée pas non plus pour trouver grâce aux yeux du seigneur de la contrée.
Graphiste, c’est un vrai métier ! Alors stop au travail gratuit !
Pour réaliser ton projet, le graphiste met tout en œuvre pour trouver la bonne idée et concevoir un projet de communication qui tient la route. Pour cela, le graphiste met à ton service tout son savoir, son expérience, sa culture et ses recherches graphiques, toutes ses compétences transverses aussi pour s’adapter. Il utilise aussi de nombreux outils pour réaliser le projet, t’envoyer des maquettes, réaliser des fichiers sources réutilisables. Et ça, ça coute très cher à ton graphiste.
On imagine un peu trop souvent le graphiste qui griffonne deux, trois croquis comme ça sur le coin d’une table. Mais dans la vraie vie de graphiste, ça ne se passe pas comme ça du tout ! Un projet se travaille, se décortique, on analyse les valeurs du client, le message à faire passer, on choisit des couleurs et des formes pour lesquelles on va travailler sur l’harmonie. C’est un travail de fourmi, discret et impalpable pour le client, mais bien réel pourtant.
La phrase est pourtant claire : tout travail mérite salaire. C’est valable pour un salarié comme pour n’importe quel autre métier.
« Hier soir, j’ai mangé au resto, c’était super bon et du coup j’ai pas payé l’addition. Mais promis je vais leur faire de la pub ». Mais qui oserait faire ça ? Et bien pour le graphiste, c’est exactement pareil. Son travail a de la valeur et c’est juste normal de le rémunérer à la hauteur de ses compétences et de son investissement.
Bien sûr le bénévolat c’est important. Mais cela doit rester exceptionnel et pour des causes choisies. Le travail gratuit pour les potes, la famille ou les amis des amis des amis, ça va bien 5 minutes en fait. C’est sympa de travailler pour la gloire mais ça ne nourrit pas son homme.
Tiens, ça me fait penser à la polémique qu’à suscité un concours pour illustrer un album de M. C’est un artiste que j’apprécie vraiment pour le coup, mais qu’il soit au courant ou non c’était franchement limite les contreparties proposées pour avoir « l’immense honneur » d’illustrer un « songbook ».
Une considération bien terre-à-terre, et pourtant très importante ; Le graphiste a fait le choix de l’indépendance pour de nombreuses raisons, mais il doit manger, payer ses charges, son loyer et surtout pour accéder aux droits sociaux auxquels n’importe quel travailleur a droit, pour payer sa retraite et avoir des droits en cas d’arrêt maladie par exemple.
Voilà ! Maintenant, tout est plus clair et vous pouvez sereinement travailler avec votre graphiste en comprenant un peu mieux son travail et son rôle dans la réalisation de votre projet de communication… Et surtout son besoin de vivre convenablement.
En bonus (et sans coût supplémentaire) une petite vidéo (ça leur fera un peu de visibilité) :